>> Voir aussi : Identification des schémas (Littérature)
>> Voir aussi : Spook Country (Littérature)
Après un Spook Country un peu décevant, William Gibson revient en grande forme avec Zero History, troisième acte de sa “trilogie Blue Ant” débutée avec Identfication des Schémas. L’écrivain continue d’explorer cette époque étrange qu’est la nôtre. Zero History est la suite directe de Spook Country, et on réalise très vite que ce précédent roman n’était en fait que le prologue de celui-ci.
Les deux personnages principaux de Zero History, Hollis Henry et Milgrim, étaient déjà ceux de Spook Country mais ont évolué entre les deux ouvrages : Hollis, ex-chanteuse de rock underground devenue journaliste bohème, se retrouve à une période charnière où elle doit décider quoi faire de sa vie. Milgrim, qui à l’époque de Spook Country était un interprète russe-anglais perpétuellement drogué, est désormais désintoxiqué et travaille désormais pour Hubertus Bigend, le magnat belge de la publicité. Milgrim est le personnage idéal pour Gibson : ayant passé la dernière décennie dans un flou artistique permanent, il redécouvre avec un regard “vierge” un monde devenu franchement bizarre après les évènements du 11 septembre 2001.
L’autre personnage essentiel de Zero History est bien entendu Bigend. Toujours plus ambitieux et manipulateur, Bigend voit le monde comme son échiquier personnel et utilise les différents protagonistes comme autant de pions pour arriver à ses fins. Le caractère déplaisant de Bigend est particulièrement mis en avant lors des chapitres mettant en scène Hollis, qui souhaite plus que tout couper ses liens avec Bigend et sa firme Blue Ant. Mais cette fois-ci, l’homme aux costumes bleu Klein doit également faire face à des conflits internes à Blue Ant qui risquent de faire dérailler ses plans bien huilés…
Comme Identification des Schémas et Spook Country, l’histoire de Zero History est propulsée par un McGuffin : après les fragments de films et les iPods, Bigend cherche désormais à percer le secret de Gabriel Hounds, une marque de vêtements qui génère un important buzz. Nul ne sait qui fabrique ces vêtements, qui ne peuvent être acquis que lors de ventes privées. Lancés sur la piste de ce mystérieux styliste, Hollis et Milgrim voyageront entre Londres et Paris. En arrière-plan Gibson étudie les liens unissant la mode à l’industrie militaire, et le culte du “soldat” dans l’inconscient collectif du XXIème siècle.
Avec son intrigue rondement menée, ses personnages charismatiques (étonnant de découvrir qu’une fois sevré, Milgrim puisse avoir du caractère et de la personnalité !), un vrai suspense, et le regard acéré de l’auteur sur notre société, ses codes et ses contradictions, Zero History s’impose comme un grand cru de la part d’un des grands auteurs de notre époque (dans tous les sens du terme).
Inspiration Shadowrun : une mystérieuse marque de vêtements commence à faire parler d’elle dans les Ombres. Le style, la méthode de distribution “sous le manteau” savamment orchestrée, tout donne à croire que le fabricant cherche spécifiquement à toucher le marché des shadowrunners. Mr. Johnson veut découvrir qui se cache derrière ce mystérieux label, mais les runners découvrent rapidement qu’ils ne sont pas les seuls à mener l’enquête…