Travis // Christophe Quet & Fred Duval

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Alors qu’il existe quantité de mangas et de comics à thématique cyberpunk, le genre est plus rare en bande-dessinée franco-belge. Mais il n’est pas pour autant inexistant : c’est ainsi qu’en 1995, Fred Duval, Olivier Vatine et le dessinateur GESS lancent Carmen Mc Callum. Mercenaire à la moralité ambiguë, Carmen affronte yakuza et intelligences artificielles dans un futur déglingué.

En 1997, fort du succès rencontré par Carmen Mc Callum, Fred Duval étoffe son univers avec une série dérivée, Travis, dessinée cette fois-ci par Christophe Quet. Il se trouve que Travis a été mon point d’entrée dans le futur imaginé par Duval, c’est donc pour cela que j’en parle sur Fondation Draco en premier.

En 2052, le monde est dirigé par des mégacoporations comme Vitruvia, Baxter & Martin ou Transgenic, qui contrôlent la plupart des gouvernements. Des institutions comme le Parlement Européen tentent de garder un œil sur les activités de ces multinationales, mais elles sont bien souvent dépassées. La série suit les aventures de Steve Travis, un routier de l’espace indépendant chargé de ravitailler diverses stations spatiales à l’aide de sa navette.

Lors d’un vol de routine vers Huracán, une station de contrôle météo capable de dissiper les ouragans, Travis se retrouve malgré lui le cheval de Troie d’une bande de terroristes menée par Vlad Nyrki, mercenaire balafré qui a un compte à régler avec le concepteur de la station, et Pacman, un hacker rasta dépendant aux nanomachines. Il revient désormais à Travis, laissé pour mort, de sauver les otages et découvrir les plans de Vlad et Pacman, et surtout l’identité de celui qui tire vraiment les ficelles… Mais Travis lui-même a plus d’un atout – et d’un secret – dans sa manche…

Mais Travis est bien plus qu’une déclinaison efficace de Die Hard dans l’espace. La série prend véritablement son envol à partir de son deuxième album, plongeant le lecteur dans un monde de complots corporatistes, d’espionnage industriel et d’intrigues géopolitiques, avec des personnages complexes aux motivations troubles. Le série compte 12 albums au moment d’écrire ces lignes, répartis en quatre arcs narratifs.

Le cycle des Cyberneurs (tomes 1 à 5), oppose Travis à une mystérieuse entité du cyberespace, qui cherche à déclencher une guerre corporatiste globale. L’infiltration d’Huracán n’était que le début… Le cycle Vitruvia (tomes 6.1, 6.2 et 7) est centré sur un scandale immobilier en France, dont les répercussions vont pousser les héros dans leurs derniers retranchements et faire tomber bien des masques. Le cycle H2O (tomes 8 à 10) oppose les héros à Dommy, une intelligence artificielle psychopathe. Enfin, le cycle en cours, baptisé Les enfants de Marcos, se déroule dans un Mexique post-apocalyptique, où une terrible guerre oppose zapatistes et narcotrafiquants dans la jungle irradiée. Travis est porté disparu après avoir livré des médicaments aux rebelles…

Avec ses histoires riches et son rythme effréné, entraînant le lecteur de Paris à l’espace en passant par Istanbul et New York, Travis est déjà une excellente BD cyberpunk et une très bonne inspiration pour Shadowrun (au point que l’on se demande parfois si les auteurs n’auraient pas pratiqué ce jeu de rôle…) Mais ce sont vraiment les personnages qui donnent toute son épaisseur au futur corrompu de Duval. Si Travis est un peu lisse (malgré une tentative de lui donner un peu plus d’aspérité en cours de route), Vlad Nyrki, Pacman ou encore Miss Thundercat sont les vraies stars de la série, qui finissent par voler la vedette à celui qui lui donne son titre.

Inspiration Shadowrun : Les runners pensaient travailler pour un Mr. Johnson comme les autres. Grave erreur. Par un savant mélange de carotte (la promesse d’une vengeance assurée contre ceux qui les ont forcés jadis à rejoindre les Ombres) et de bâton (la promesse du remède contre le poison qu’il leur a inculqué à leur insu), Mr. Johnson force les runners à commettre un acte terroriste : la prise en otage d’une station spatiale de contrôle météo de la corporation EVO. Mais il ne s’agit pas d’une simple station météo… et ce n’est que le début du plan de Mr. Johnson pour faire voler en éclat le statu quo entre les grandes zaibatsu et déclencher une nouvelle guerre corporatiste qui mettrait le monde à feu et à sang. Les runners devront à la fois satisfaire leur employeur, trouver comment retourner la situation et découvrir qui est réellement Mr. Johnson… Mais d’abord, que faire au sujet de ce type qui s’est mis en tête de libérer les otages et pourrait bien tout faire capoter ?

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