Shadowrun Returns // Dead Man’s Switch

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Financé au travers d’une campagne participative sur Kickstarter, Shadowrun Returns est le premier jeu vidéo à voir le jour dans la franchise depuis le peu mémorable FPS multijoueurs sorti en 2007. Développé par Harebrained Schemes, société fondée par Jordan Weisman (le co-créateur de Shadowrun) et dans laquelle on retrouve de nombreux vétérans de FASA (par exemple Mike “SR3” Mulvihill), Shadowrun Returns promettait beaucoup : le respect de l’univers Shadowrun, des combats au tour par tour, un gameplay RPG dans l’esprit de l’épisode Super Nintendo, des outils permettant aux fans de créer leurs propres scénarios…

Shadowrun Returns, c’est en fait deux produits distincts : d’un côté la campagne de base, baptisée Dead Man’s Switch, et de l’autre les fameux outils. Ces derniers s’avèrent plutôt puissants, et l’on assiste déjà à l’apparition de nombreux modules créés par la communauté. Il s’agit assurément de l’un des gros points forts du jeu de Harebrained Schemes. Au passage, la direction artistique du jeu est de toute beauté, en particulier tous les éléments 2D (décors, portraits…). Les personnages en 3D sont un cran en dessous, avec des modélisations basiques et anguleuses.

Un petit mot également sur la musique. Composée par Marshall Parker (à qui l’on doit les musiques de Shadowrun sur Super NES) et Sam Powell (compositeur de l’épisode Mega Drive), il s’agit de l’une des grandes réussites du jeu. Il s’agit tout bonnements de LA bande-son de Shadowrun.

Quant à la campagne Dead Man’s Switch, elle propose une aventure à l’ambiance film noir se déroulant en 2054. Le joueur a la possibilité de créer son shadowrunner librement, en choisissant parmi les cinq races classiques de Shadowrun (humain, elfe, nain, ork, troll) et différents archétypes (samouraï des rues, mage, decker, adepte physique, rigger ou chamane). Tout commence dans une piaule miteuse, où le runner se terre depuis un run contre Renraku ayant mal tourné. C’est alors que le visiophone sonne. Il s’agit d’un message préenregistré, envoyé par un ancien collègue runner, Sam Watts. Sam a programmé ce message pour être envoyé automatiquement s’il venait à mourir. Il demande au joueur de découvrir qui l’a tué et pourquoi. A la clé, une récompense de 100 000 nuyens. Que ce soit par loyauté pour son vieil ami ou simple appât du gain, le joueur décide alors de retourner à Seattle mener l’enquête.

Dead Man’s Switch propose une histoire solide (quoiqu’un peu convenue, surtout si l’on connait bien l’univers Shadowrun et les poncifs du roman/film noir), servie par une écriture de qualité, et bourrée de clins d’œils aux suppléments et romans de la gamme (en particulier Loup Solitaire de Nigel Findley). Jake Armitage, le héros du jeu Super Nintendo, fait également une apparition, de même que d’autres personnages dont on taira l’identité ici. Bref, le taux de “fan service” est assez élevé.

Malheureusement, cette première campagne officielle est également très courte (une douzaine d’heures, sans se presser) et très linéaire. Il est assez frustrant d’être continuellement sur des rails, et de ne pas pouvoir revenir en arrière pour explorer certains lieux trop vite traversés. Dead Man’s Switch tient parfois plus du jeu d’aventure point’n’click que du RPG, si n’était la présence de nombreux combats, gérés de manière très similaire au récent remake de XCOM : Enemy Unknown. Il y a pire modèle, même si Shadowrun Returns reste loin de la profondeur offerte par XCOM. Il est d’ailleurs recommandé de jouer en mode difficile, afin de rencontrer un minimum de résistance, rendant le jeu d’autant plus fun.

Cette linéarité signifie également que certains aspects du jeu sont sous-exploités. Les runs matriciels, au demeurant amusants, sont trop rares. D’autres éléments de gameplay, comme les lignes de ley visibles par les mages, ou les conduits d’aération praticables par les drones, sont également peu utilisées. Dead Man’s Switch comporte un peu de tout, mais de manière un peu superficielle. On sent que cette campagne tient surtout de la démo technique, destinée à donner aux moddeurs un aperçu des possibilités offertes par le moteur du jeu.

Il s’agit donc d’une mise en bouche honnête, mais encore perfectible. On attend désormais de s’essayer aux créations des fans, sans oublier la future campagne berlinoise, prévue pour fin octobre, qu’on nous promet moins linéaire et plus ambitieuse.

Notons pour finir que le jeu regorge de lieux et de personnages bien trouvés, que l’on aura envie de réutiliser dans ses parties du jeu de rôles papier. Ne serait-ce que pour cela, tout Maître du Jeu de Shadowrun se devrait de donner sa chance à Shadowrun Returns.

Pour résumer ce que Fondation Draco a pensé de Dead Man’s Switch

Points Forts:

  • Univers Shadowrun respecté
  • Fan service
  • Graphismes 2D
  • Musique
  • Histoire agréable à suivre
  • Qualité d’écriture
  • Quelques lieux et personnages mémorables

Points faibles :

  • Eléments de gameplay sous-exploités
  • Rebondissements trop prévisibles
  • Trop grande linéarité
  • Durée de vie très courte
  • Personnages 3D pas terribles
  • Quelques erreurs de continuité

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