Dans un futur post-apocalyptique, une population bigarrée survit au sein de “la Cité”, ilôt d’urbanisme en déliquescence au cœur de vastes étendues désertiques que l’on devine irradiées. Des pilleurs explorent le désert en quête d’artéfacts à revendre. Un beau jour, un de ces charognards découvre les restes à demi-ensevelis d’un robot. La tête du robot passe de main en main pour finir entre celles de Moses “Hard Mo” Baxter (Dylan McDermott), un ancien soldat qui décide de l’offrir à sa petite amie Jill (Stacey Travis). Artiste métallurgiste à tendance asociale, Jill vit cloîtrée dans un appartement ultra-sécurisé depuis qu’elle a commencé à soupçonner l’existence d’un pervers traquant ses moindres faits et gestes.
Ce que Mo ignore, c’est qu’il vient d’offrir à Jill le cadeau le plus empoisonné qui soit. Car le robot était un modèle M.A.R.K. 13, dont la mission est de “lutter contre la surpopulation”… en euthanasiant les humains excédentaires. Capable de se réactiver pour peu qu’il soit mis en contact avec un courant électrique et de s’auto-réparer avec des matériaux de récupération, le M.A.R.K. 13 est une redoutable machine à tuer. Et le voilà avec l’atelier d’une métallurgiste à disposition… C’est le début d’une longue nuit pour Jill, enfermée sans le savoir avec cet assassin d’acier.
Si on a souvent qualifié Hardware de “copie fauchée de Terminator“, le film est en réalité l’adaptation de Shok!, un comics paru dans les pages de la revue britannique 2000AD en 1981. Le comics se déroulait originellement dans l’univers de Judge Dredd, mais le film n’y fait aucune référence explicite, adoptant un univers plus franchement post-apocalyptique que Mega City One. Malgré tout, de nombreux ingrédients cyberpunk demeurent, du bras cybernétique de Mo au “méga-bloc” où habite Jill, en passant par les délires sous acide de Shades (John Lynch), personnage secondaire attachant qu’on devine trop gentil pour ce monde de merde. Résolument anti-système, le film inclut également des caméos amusants, comme Iggy Pop en DJ radio cynique, ou Lemmy Kilmister du groupe Motörhead en chauffeur de taxi.
Réalisé par Richard Stanley en 1990 avec un budget dérisoire, Hardware est, n’y allons pas par quatre chemins, un nanar. Mais un nanar d’auteur. Le cinéaste sud-africain a un vrai style, parfois aussi pompeux que cacophonique, mais on ne peut pas reprocher au film de manquer de personnalité. Il suffit de voir la mort d’un des personnages principaux, auquel le M.A.R.K. 13 a injecté une toxine mortelle et hallucinogène : on assiste, en temps réel, à la lente agonie du malheureux, dont le délire insoutenable finit par tourner à l’apothéose. Jill elle-même est tout sauf une héroïne dans la tradition d’Hollywood : la jeune femme se révèle cassante, difficile à vivre, et rejette sans mâcher ses mots le rôle d’épouse/mère. Mais poussée dans ses derniers retranchements et avec sa propre survie en jeu, elle fait preuve d’une force de caractère et d’une détermination que ne renieraient pas Ellen Ripley, l’héroïne de la saga Alien.
Hardware est un bon exemple de ces films de science-fiction sympathiques mais désargentés qui pullulaient au début des années quatre-vingt-dix. S’il a pris un gros coup de vieux, le film de Richard Stanley est chaotique, grandiloquent, révolté, engagé, glauque, gore, parfois absurde ou ridicule… et, fatalement, digne d’intérêt. Et on appréciera également sa formidable bande-son électro-industrielle, composée par Simon Boswell, incluant notamment la chanson The Order of Death du groupe Public Image Ltd.
Inspiration Shadowrun : Une série de meurtres provoque la terreur au sein de l’arcologie Renraku, reconvertie en logements sociaux par le gouvernement des UCAS et désormais connue sous le nom Arcology Commercial and Housing Enclave, ou ACHE. Alors que l’on croyait la menace Deus à jamais écartée, ces crimes inhumains sont rapidement mis sur le dos d’une des machines de mort conçues par l’IA démente. Des pilleurs explorant les étages scellés de l’arcologie auraient retrouvé ce drone tueur, et commis l’erreur de le réactiver. A moins qu’il ne s’agisse en réalité d’une conspiration corpo ou gouvernementale, pour faire le ménage au sein des populations défavorisées de l’ACHE…