Hell on Water // Jason M. Hardy

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Hell on Water est le deuxième titre de la nouvelle vague de romans Shadowrun, après le décevant Fire & Frost. Cette fois-ci, l’auteur du roman n’est nul autre que Jason M. Hardy, l’actuel responsable de la gamme Shadowrun, et auteur d’un précédent roman prenant place dans le Sixième Monde, Drops of Corruption, publié en 2006.

Hell on Water se déroule à Lagos, capitale des Ombres nigériennes, et l’une des pires jungles urbaines du monde de Shadowrun. L’histoire en tant que telle est en fait assez simple, dans la lignée de films tels que L’Épreuve de Force avec Clint Eastwood ou 16 Blocs avec Bruce Willis. Six runners ont été recrutés pour récupérer trois mystérieux paquets dans les quartiers les plus mal famés de Lagos, puis les livrer à Lagos Island, l’enclave corporatiste locale.

Entre les runners et leur objectif, le Third Mainland Bridge, un pont délabré de douze kilomètres. Douze petits kilomètres qui vont mettre la détermination des runners à rude épreuve : pirates, ammits (crocodiles éveillés), gangs, conflit ancestral entre les ethnies Yoruba et Igbo, et autres surprises comme seul le Sixième Monde peut en offrir. Sans oublier l’épineuse question du contenu des paquets…

Jason Hardy s’est de toute évidence beaucoup amusé en écrivant ce roman. Le narrateur relate l’odyssée de ces runners comme un aède raconterait celle d’Ulysse. Décrivant les actions des personnages avec emphase et grandiloquence, il va et vient dans le temps et l’espace, jouant avec les attentes du lecteur habitué aux codes de Shadowrun, qu’il apostrophe régulièrement. Bref, c’est un véritable exercice de style, chose trop rare dans les romans du Sixième Monde. Si on pouvait s’inquiéter que ce style “oral” devienne fatiguant à la longue, Hardy a l’intelligence de l’employer avec parcimonie passés les premiers chapitres.

Le revers de la médaille, c’est que malgré sa trame simple, Hell on Water peut parfois sembler un peu brouillon. Mais en avançant dans la lecture, alors que les pièces du puzzle se mettent en place, on réalise que Jason Hardy manie avec un certain talent la manipulation et la rétention volontaire d’information, et que la narration ne paraît confuse que parce que c’est l’effet recherché.

Les six personnages forment une équipe de shadowrunners typique : deux samouraïs des rues, Cayman et Halim; un face, X-Prime; une decker, Groovetooth; un rigger, Akuchi; et une mage, Agbele Oku. Notons au passage que Cayman et Akuchi avaient été présentés dans le supplément Street Legends. Il faut également noter que seuls Cayman et X-Prime sont des oyibos, c’est-à-dire des non-africains — les autres sont issus des Ombres de Lagos, avec ce que ça implique d’allégeances et de rivalités tribales. Car Lagos est une ville compliquée en plus d’être dangereuse, et Hell on Water réussit son pari : donner au lecteur une furieuse envie d’aller faire un petit tour au Nigeria.

Hell on Water n’a peut-être pas l’histoire la plus mémorable, mais il possède un vrai style et un vrai parti-pris littéraire. Pour ne rien gâcher, le livre est bourré d’humour et de second degré.

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