Rat Queens est un comics créé en 2013 par le scénariste Kurtis Wiebe et le dessinateur Roc Upchurch. Parodie irrévérencieuse et néanmoins affectueuse de Dungeons & Dragons, la série met en scène un groupe d’héroïnes fortes en gueule, les fameuses “Rat Queens” : Hannah, la magicienne elfe adepte des arts obscurs, la naine Violet, ayant fui un destin tout tracé dans l’entreprise de prêt-à-porter familiale (armures prêtes-à-porter, ça va sans dire), Delilah, la prêtresse athée, Betty, la voleuse smidgen (une sorte de hobbit) amatrice de champignons psychédéliques, et la guerrière orc Braga. Les Rat Queens défendent la petite bourgade de Palissade contre toutes sortes de dangers… et causent généralement autant de dégâts que la supposée menace, façon Lina Inverse dans Slayers.
En juillet 2018, les Rat Queens ont eu droit à un spin-off sous-titré Neon Static. Et si la série originale se moquait avec bonne humeur des poncifs de D&D, c’est bien sûr Shadowrun qui passe à la moulinette dans ce one-shot. On appréciera d’ailleurs particulièrement le logo, calqué sur celui des premières éditions du jeu !
À noter que si les références au Sixième Monde sont aussi nombreuses que reconnaissables, Neon Static ne se déroule pas dans l’univers de Shadowrun : il s’agit bien ici de l’univers propre à Rat Queens, transposé dans un futur cyberpunk. On retrouve donc la ville de Palissade, devenue une mégalopole de verre et d’acier, où les Rat Queens officient en tant que mercenaires.
Les cinq (anti-)héroïnes sont au rendez-vous, elles aussi “upgradées” : Hannah, punkette antisociale devant l’éternel, reste l’atout magie du groupe. Violet est la samouraï des rues cybernétisée, et Braga semble jouer le rôle de la rigger. Dee est quant à elle devenue hacker, tandis que Betty semble spécialisée dans l’infiltration et la négociation, faisant d’elle la face.
En tant que one-shot, Neon Static plonge directement dans l’action et offre assez peu de détails sur l’univers, son passé, ou ses forces en puissance. Tout juste apprend-on que les Queens ont été (évidemment officieusement) recrutées par la “Palisade Cybercrime Division” pour enquêter sur un mystérieux scammer.
L’essentiel du comics est consacré aux aventures des Queens pour remonter la piste de cet escroc du web et le mettre hors d’état de nuire.
En tant que parodie de Shadowrun à la sauce Rat Queens, Neon Static remplit son contrat. Le joueur habitué du Sixième Monde se sentira immédiatement en terrain familier, tout en découvrant dans un univers ayant son identité propre. Le dessin anguleux de William Kirkby, très particulier et un peu déroutant au départ, contribue énormément à donner à ce futur bigarré une vraie personnalité et même un certain charme. La mise en couleur est particulièrement réussie.
On pourra évidemment regretter le côté simple de l’intrigue, qui sert surtout de prétexte à balader les Queens de lieu en lieu afin de mettre en scène leurs différents talents. Difficile toutefois d’en attendre plus d’un récit totalisant seulement 24 pages. Kurtis Wiebe a laissé entendre que si Neon Static était un succès, alors ce one-shot pourrait devenir une série à part entière. Il ne nous reste donc plus qu’à croiser les doigts, tentacules et autres appendices cybernétiques…
Inspiration Shadowrun : D’ordinaire, les runners tremblent à l’évocation de la Grid Overwatch Division, la police de la Matrice. C’est pourtant bien l’un de ces deckers d’élite, un des fameux demiGODs, qui fait appel à leurs services. Un escroc a mis en place une arnaque complexe et lucrative, faisant chanter ses victimes afin qu’elles deviennent à leur tour des maillons de sa toile. Ce genre d’escroquerie ne relève normalement pas de la juridiction de G.O.D., mais Mr. Johnson a décidé d’agir en marge du système en faisant appel aux Ombres. Aurait-il des raisons personnelles de vouloir mettre un terme aux affaires de ce scammer ?