2016. Après un déluge cataclysmique qui a noyé une bonne partie de l’hémisphère nord sous des pluies acides, la vieille Europe est en ruines. C’est alors que les mégacorporations font leur entrée, offrant de renflouer (sans mauvais jeu de mots) les gouvernements locaux et de rebâtir leurs cités.
Évidemment, ce n’est qu’une excuse permettant aux corpos de faire de ces nations leurs succursales. Tandis qu’une nouvelle civilisation hi-tech et ultracapitaliste est érigée sur les cendres de l’ancienne, le reste de l’humanité s’est exilé sur la colonie sélénite de Luna. Les tensions abondent entre les humains restés sur Terre et ceux des bases lunaires.
Nous sommes désormais en 2048. Le métroplexe de New Athens est tout ce qu’il reste du pays autrefois appelé Grèce. Mais au-delà des murs de la nouvelle ville corporatiste continuent de se dresser les ruines de “la Vieille Ville”, un dédale de béton et d’acier où nul n’ose plus mettre les pieds.
Old City Blues suit le quotidien d’une poignée de flics de New Athens. Bien décidés à faire leur travail malgré l’ingérence des corpos, ils vont devoir se mesurer à une série de complots qui mettent en danger la survie même de la ville : tueur en série cyborg, trafic de drogues psychotropes, terroristes, voleurs de corps… sans oublier les bonnes vieilles machinations des mégacorpos elles-mêmes, qui considèrent la ville comme leur terrain de jeu privé.
Le personnage principal d’Old City Blues est Solano, un inspecteur irréductible et idéaliste appartenant à la Division Spéciale X (SDX) dirigée par le chef Gortyn, un vieux de la vieille désabusé qui n’a jamais renoncé à son intégrité. Si Solano est d’abord habitué à travailler en solo, Solano apprendra très vite à faire équipe avec la Division Mobile, menée par Thermidor, une pilote de mécha cynique au tempérament explosif. Si ces personnages ne sont pas foncièrement originaux, leurs interactions sonnent juste.
Old City Blues a commencé comme un projet “pour se faire plaisir” pour son auteur, qui de son propre aveu y rend hommage aux films et bandes-dessinées qui ont marqué son enfance, de Blade Runner à Isaac Asimov. Mais c’est surtout Masamune Shirow (Ghost in the Shell, Appleseed) dont l’influence est difficile à rater, tant elle imprègne la mise en scène, le design des méchas, costumes et bâtiments, et même l’utilisation des trames. Heureusement, Giannis Milonogiannis ne se contente pas de copier mais apporte également une sensibilité qui lui est propre, celle d’un américain ayant grandi en Crète. En particulier, son trait très dynamique rend ses planches très vivantes, notamment lors des (nombreuses) scènes d’action.
A noter que le comics est prépublié gratuitement sur le web. Une bonne occasion de le découvrir.
>> Visiter : Le site de prépublication web d’Old City Blues
Inspiration Shadowrun : New Athens est l’une des principales enclaves corporatistes d’Europe, un fief des zaibatsus japonaises sur le Vieux Continent. Mais sous son apparence rutilante, la réalité de la rue est comme partout dans le Sixième Monde : crasseuse. Les persécutions de technomanciens sont fréquentes, les corpos arment les gangs avec les derniers jouets issus de leurs labos d’armement pour des tests grandeur nature, et la ville est une devenue une plaque tournante de la mystérieuse drogue JJ-180, un dérivé du Tempo. La police locale a fort à faire, mais de l’autre côté de la loi, ce sera aussi vrai pour des shadowrunners entreprenants. Sans compter qu’avec ses ruines cristallisant au moins trois millénaires de civilisation (méta)humaine, la cité recèle encore bien des secrets…