Black Rain // Ridley Scott

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Sorti en salles en 1989, Black Rain n’est pas le film le plus connu de Ridley Scott, et est même quasiment oublié aujourd’hui (d’ailleurs, le film n’est même pas sorti en Bluray en France). Il s’inscrit dans une certaine tradition du polar / film d’action des années quatre-vingt : un flic dur à cuire dans le collimateur de sa hiérarchie en raison de ses méthodes douteuses, un méchant sanguinaire, un “MacGuffin”, une intrigue bourrée de clichés et d’incohérences, des fusillades, des courses-poursuites…

Ce n’est pas, en soi, une mauvaise chose : bien qu’il s’agisse rarement de grand cinéma, ce genre de film se regarde en général sans déplaisir. C’est le cas de Black Rain, qui tire son épingle du jeu grâce à la virtuosité de sa mise en scène et son atmosphère qui flirte avec le film noir. D’ailleurs, si Black Rain avait joué plus franchement la carte du néo-noir et moins celle du film d’action, il aurait probablement davantage marqué les esprits (et aurait été un meilleur film).

Nick Conklin (Michael Douglas) est un inspecteur de police new-yorkais. Agressif, caractériel et téméraire, c’est l’archétype du “flic cowboy”. Cela lui vaut d’être l’objet d’une enquête des Affaires Internes, qui le soupçonnent de corruption. Heureusement, Nick peut compter sur le soutien et l’amitié de son partenaire Charlie Vincent (Andy Garcia), véritable yin de son yang. Alors que tous deux déjeunent dans un restaurant italien, ils repèrent une table à laquelle les mafieux locaux semblent en pleine discussion avec des japonais.

Surgit alors Koji Sato (Yûsaku Matsuda), qui assassine brutalement les deux japonais et prend la fuite avec une mystérieuse boîte. La situation tourne à la fusillade, mais Nick et Charlie parviennent à coffrer Sato, qui s’avère être membre du yakuza, comme l’étaient ses victimes. Le Japon demande à ce que Sato leur soit livré, et Nick et Charlie sont chargés de le remettre à la police d’Ôsaka. Mais les policiers qui les attendent à la sortie de l’avion sont des imposteurs, qui escamotent Sato avant que les vrais représentants de l’ordre se présentent.

Accusés d’incompétence par la police d’Ôsaka et relégués au rang de simples observateurs, Nick et Charlie vont alors tenter de rattraper leur bourde en retrouvant Sato. Ils feront équipe avec Masahiro Matsumoto (Ken Takakura, vétéran des films de gangster), modèle de droiture et de respect du règlement, avec qui Nick “clashera” à plusieurs reprises avant que les deux hommes finissent par développer un respect mutuel. Leur enquête les amènera à s’intéresser à la rivalité qui oppose Sato à son ancien oyabun, Sugai (Tomisaburô Wakayama, anti-héros de la légendaire série Baby Cart)…

Black Rain a connu une production compliquée. À l’époque, c’est le film le plus ambitieux tourné en milieu urbain au Japon. Mais l’équipe américaine a bien du mal à se faire à la bureaucratie japonaise, qui ne cesse de leur mettre des bâtons dans les roues. Le film devient aussi un enjeu politique : le gouverneur d’Ôsaka autorise l’équipe à filmer à l’intérieur de la préfecture, ce qui lui vaudra des attaques de ses opposants qui tenteront également de perturber le tournage… Comme l’expliquera Ken Takakura en interview, la frustration du personnage de Nick vis-à-vis des méthodes japonaises était en fait celle de Michael Douglas et Ridley Scott eux-mêmes ! Yûsaku Matsuda était par ailleurs malade du cancer durant le tournage, et décédera peu après la sortie du film…

Si Black Rain n’est pas un film cyberpunk, on y trouve de nombreux échos de Blade Runner. Les rues enfumées et éclairées au néon d’Ôsaka évoquent l’atmosphère de ce film, et une scène clé a été tournée à la célèbre Ennis House de Frank Lloyd Wright, qui servait déjà de décor à l’appartement de Rick Deckard. Quant aux scènes avec le gang de motards de Sato, elles auraient leur place dans les rues mal famées de n’importe quel métroplexe…

Et bien évidemment, le film est une excellente inspiration pour mettre en scène le yakuza, son code d’honneur à géométrie variable et ses nombreux rituels…

» Voir aussi : Black Rain Original Soundtrack // Hans Zimmer

Inspiration Shadowrun : les runners sont engagés par Mr. Johnson pour livrer une mystérieuse boîte à un contact au Japon. Mais en arrivant à Neo-Tokyo, leur contact s’avère être un imposteur, qui vole la boîte et disparaît dans les ombres tokyoïtes. Les runners découvrent peu après que Mr. Johnson représentait en réalité un clan yakuza. Désormais, leurs jours sont comptés : Mr. Johnson leur donne une semaine pour récupérer la boîte, sinon leur tête sera mise à prix par l’organisation. Sans le savoir, les runners se retrouvent pris entre deux feux, tandis qu’un conflit générationnel gronde au sein du yakuza… Et comment survivre aux ombres japonaises, dont le fonctionnement est pour le moins sibyllin pour des runners débarqués des UCAS ?

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