Empty Zone est la résurrection, presque vingt ans après sa première publication, d’une série chère au cœur de son créateur, Jason Shawn Alexander. La première incarnation d’Empty Zone fut en effet publiée en 1997 par l’éditeur Sirius sous la forme d’une mini-série en 4 parties. Suivra une autre mini-série, comptant cette fois 8 chapitres, en 1999. Cette version 2015, reboot orchestré par un dessinateur au sommet de son art, est tout simplement l’un des meilleurs comics cyberpunk actuellement sur le marché.
Empty Zone se déroule dans les rues crasseuses de Pittsburgh, Pennsylvanie, dans le futur déglingué de l’an 2119. Comme l’imposent les canons du genre, le monde s’est scindé en une myriade d’états qui sont autant de pantins entre les mains de mégacorporations. La cybernétique et la biotechnologie ont changé la notion même d’être humain : cyborgs et robots tueurs côtoient les hybrides mi-hommes, mi-animaux.
Par bien des aspects, l’héroïne d’Empty Zone, Corinne White, est un fantôme errant dans la cité déshumanisée. Corinne a jadis fait partie d’une unité d’élite au service de maîtres corporatistes, les Tracers. Mais elle en est également l’unique survivante, et son bras cybernétique est toujours là pour lui rappeler la mort de ses compagnons d’arme. Taciturne, voire asociale, Corinne survit au jour le jour, effectuant divers boulots plus ou moins légaux dans les bas-fonds de Pittsburgh. Telle un personnage de roman noir, Corinne est une héroïne déchue, âpre et atrabilaire, animée par de profonds regrets. De son passé de Tracer, elle a conservé la capacité à télécharger des données par simple contact physique.
Corinne est soudain tirée de son apathie par l’irruption dans sa vie de fantômes — au sens propre, cette fois-ci. Seule capable de voir ces apparitions issues des heures les plus sombres de son passé, Corinne pense d’abord être en train de perdre les pédales une bonne fois pour toute. Jusqu’à sa première confrontation avec un cyberzombie en chair et en os. Quelqu’un a transformé les cadavres des Tracers en soldats morts-vivants, et Corinne est bien décidée à aider ses anciens camarades à accéder au repos… même si cela l’oblige à faire face à ses vieux démons.
Avec son dessin puissant, son intrigue simple mais brutalement efficace, et son ambiance aussi mélancolique qu’horrifique, Empty Zone est une franche réussite, et une œuvre à ne pas manquer. Le premier arc, Conversations with the Dead, vient de s’achever, mais la série sera de retour en 2016. Et, on l’espère, pour longtemps.
Inspiration Shadowrun : Capables de s’interfacer à n’importe quelle machine ou système informatique par simple contact cutané, les Tracers sont une nouvelle variante de Technomanciens. Leurs capacités ne sont pas naturelles, et ont été générées en laboratoire au temps de l’Émergence. Les runners croisent la route d’une ancienne Tracer désormais fugitive, qui prétend que son ancienne unité corpo est revenue d’entre les morts. Esprits vengeurs ? Cyberzombies ? Shedims ? Ou simple plan tordu d’un cadre corpo aux dents longues pour qui un cadavre n’est qu’un asset de plus à exploiter ? Les runners se retrouvent malgré eux pris entre deux feux…