Los Angeles, 2089. Le niveau des océans a monté jusqu’au pied de la colline d’Hollywood, noyant une bonne partie de la cité des Anges dans des eaux toxiques et acides où flottent quelques îlots de béton. À cette époque, l’humanité est devenue totalement accro aux flux d’information. Tout le monde est en permanence connecté à la réalité augmentée, suivant à tout moment cinq fils d’actualité, six séries, trois films et quatre pornos simultanément. La soumission à la technologie est si totale que des criminels peuvent à tout moment “hacker” d’autres êtres humains afin d’en prendre le contrôle, comme s’il s’agissait de simples personnages de jeux vidéo.
Dans ce monde saturé de sons et d’images, c’est d’ailleurs le quotidien dans son ensemble qui a pris des allures de jeu vidéo grandeur nature. La vie n’a plus vraiment d’importance ni de valeur, et seuls les divertissements basés sur la mort et la violence continuent d’attirer une foule déshumanisée par la multiplication des distractions virtuelles. La toute-puissante Flak Corporation maintient la population dans son inconscience collective, tout en assurant un semblant d’ordre avec ses Constables, des brutes lourdement cybernétisées tenant davantage du chasseur de primes que du policier.
Dans ce Los Angeles parti à vau-l’eau (littéralement !), Led Dent et Debbie Decay forment un duo de choc. Led, une montagne de muscles sillonnant le sprawl avec sa moto, est le plus efficace des Constables au service de Mister Flak. Mais c’est aussi un junkie de l’information, totalement asservi par la technologie qui fait désormais partie intégrante de son être en raison des augmentations nanotechnologiques qui ont fait de lui un surhomme mais le connectent également continuellement au réseau. Sa partenaire et amante, Debbie est son opposée : elle rejette en bloc la technologie, et rêve de pouvoir quitter L.A. et recommencer une vie saine avec Led (qu’elle appelle toujours par son vrai nom, Teddy) loin de tout flux de données.
Debbie connait l’endroit idéal pour un nouveau départ : l’île de Tôkyô. Un bouclier magnétique isole en effet l’ancienne capitale japonaise des signaux électroniques, faisant des restes encore émergés de l’archipel nippon un paradis pour celles et ceux qui fuient la saturation technologique. Lorsque Flak envoie Debbie et Led à Tôkyô pour détruire le bouclier, Debbie y voit immédiatement une chance de fuir. Mais si Tôkyô a des airs de paradis, l’île n’en reste pas moins dangereuse, et Kazumi, la prêtresse qui dirige cette communauté, possède de bien étranges pouvoirs. Sans oublier la question qui hante Debbie : y a-t-il encore suffisamment d’humanité chez Led pour partager son rêve ? Ou bien l’homme qu’elle aime a-t-il été intégralement consumé par son addiction aux médias ?
Tokyo Ghost est un comics démarré en 2015. Il est donc encore trop tôt pour savoir où Rick Remender (Fear Agent, Low) et Sean Murphy (Punk Rock Jesus, Chrononauts) comptent emmener leur histoire, d’autant que les premiers numéros ont fait la part belle à l’action. Mais l’univers dépeint, cyberpunk ultra-violent et satirique dans la lignée de Judge Dredd et des publications 2000A.D., possède un fort potentiel. Pour ne rien gâcher, les dessins sont magnifiques. Bref, on a hâte de lire la suite.
Inspiration Shadowrun : Autrefois, la résistance néo-anarchiste contre la mainmise des mégacorporations prenait place dans les coins les plus reculés de la Matrice des Ombres. Mais en 2076, entre les protocoles De La Mar et l’épidémie de Trouble de Fragmentation Cognitive, la Matrice est désormais perçue comme faisant partie du problème, et non de la solution. Une nouvelle résistance a vu le jour, prônant le rejet des technologies de l’information au profit d’un retour au monde réel et à la Nature. Ces “néo-luddites” ont établi leur QG sur une île du Pacifique protégée par des esprits, et leur mode de vie inspiré des codes du Bushido séduit autant qu’il inquiète. Les runners seront peut-être engagés pour leur faire parvenir des vivres, les espionner, voire les saboter. À moins qu’ils ne souhaitent simplement rejoindre eux-mêmes cette communauté… mais seront-ils capables de laisser leur ancienne vie derrière eux ?