Avec Virtual Light, William Gibson entame sa seconde trilogie, 5 ans après avoir conclu celle de Neuromancien. L’univers dépeint dans Virtual Light, bien que futuriste, est beaucoup plus proche de notre monde contemporain. Le paysage géopolitique a changé, le SIDA a été guéri, on y trouve de la nanotechnologie et une proto-réalité augmentée, mais ses habitants nous ressemblent. L’œil toujours aussi acéré, Gibson épingle également l’émergence de la télé-réalité, qui se trouve au cœur du récit.
Virtual Light, c’est avant tout l’histoire de Berry Rydell, un bon flic qui, après une arrestation qui a mal tourné, est devenu membre d’une agence de sécurité de Los Angeles nommée IntenSecure. Irrémédiable boy-scout, Rydell perd à nouveau son emploi après que l’ordinateur de bord de son véhicule de patrouille ait été piraté par les hackers de la République du Désir. Rydell est alors envoyé à San Francisco pour devenir le chauffeur de M. Warbaby, un “expert” indépendant recruté par IntenSecure pour enquêter sur un meurtre et la disparition d’un objet précieux. Leur principale suspecte, c’est Chevette Washington, une coursière qui habite sur “le Pont”. Après un tremblement de terre qui a effondré le tunnel à son extrémité, le Bay Bridge de San Francisco est en effet devenu un gigantesque squat abritant une population hétéroclite.
Le Pont est un élément central de ce roman et ce n’est pas pour rien que la trilogie qu’il forme avec Idoru et All Tomorrow’s Parties est appelée “Trilogie du Pont”. Plus qu’une simple métaphore des thèmes qui portent cette œuvre (l’évolution de l’humanité, le passage d’une époque à une autre mais aussi le cheminement intérieur des protagonistes), le Pont est à la fois un lieu et un personnage à part entière.
C’est d’ailleurs au travers de ses personnages que Virtual Light marque une étape importante dans la carrière de Gibson en tant qu’écrivain. Rydell, Chevette, Warbaby, Fontaine, Skinner, Yamazaki… sont autant de protagonistes inoubliables qui peuvent faire de parfaits contacts et PNJ. C’est sans doute grâce à ces personnages forts que Virtual Light parvient à ne pas être qu’un simple thriller cyberpunk de plus, mais aussi un excellent roman noir qui rappelle la construction et la verve des meilleurs Elmore Leonard.
Efficace, drôle et toujours aussi pertinent, Virtual Light mérite une place de choix parmi les incontournables de la littérature d’anticipation.
Inspiration Shadowrun : Au cours d’un run, les joueurs ont “emprunté” une mystérieuse paire de lunettes RA à un concurrent, un tocard qui a eu la mauvaise idée de leur chercher des crosses. Depuis ce menu larcin, les runners sont pourchassés par les agents de Petrovski Security, une filiale de Mitsuhama, et des flics de la Lone Star véreux. Que cachent ces lunettes ? Et quel est le rapport avec le projet de “restauration urbaine” de Tarislar ?
– Put the glasses on! Put ’em on!