Alice Dumont, plus connue sous le nom Alice Hotwire, est jeune, intelligente et jolie, dans le genre garçon manqué, à condition d’aimer le teint blafard, les yeux bleu-acier et les cheveux peroxydés (Alice est en réalité rousse, comme l’explique l’auteur au détour d’une page). C’est aussi l’un des pires caractères de cochon du métroplexe londonien, asociale, condescendante et arrogante, et de manière générale quelqu’un de peu apprécié sur son lieu de travail. Quel travail fait Alice Hotwire ? Elle est Détective Exorciste pour la police de Londres, dans un futur proche où les revenants sont une nuisance quotidienne. Ne lui parlez pas de “fantômes”, Alice vous étriperait.
Le terme officiel est “lueur bleue”, un phénomène électromagnétique tout à fait scientifique. Rien à voir avec un quelconque sentimentalisme mystique ou avec ce truc dont personne n’a jamais prouvé l’existence et que certains appellent l’âme. Le monde du futur est devenu tellement saturé d’ondes en tout genre, entre le wi-fi, les téléphones et autres gadgets électroniques, que des phénomènes bizarres ont fini par se produire. En particulier, ce qu’il reste de l’activité cérébrale des défunts a commencé à se manifester sous forme spectrale après leur mort.
La plupart du temps, ces “lueurs bleues” ne sont pas spécialement malfaisantes : n’ayant pas vraiment conscience d’être décédées, elles se contentent de répéter leur histoire pathétique comme un disque rayé, ou bien vont posséder temporairement un paumé ou un junkie des bas-fonds pour donner libre cours à de vieilles pulsions réflexe. Dans la majorité des cas, les tours de suppression érigées aux quatre coins de la ville suffisent à étouffer ces signaux d’outre-tombe. Mais de temps en temps, une lueur bleue plus coriace et dangereuse fait son apparition, cherchant à nuire aux humains. Et dans ces cas-là, “Who you gonna call?” Gagné, c’est Hotwire.
Comment élimine-t-on une lueur bleue, vous demandez-vous ? En général, une décharge de courant suffisamment intense suffit à la dissiper. Le cas échéant, l’eau se révèle une façon efficace de neutraliser un champ électromagnétique. Ce n’est pas de la superstition, mais de la science, avec des règles, comme le rappelle Alice à qui veut l’entendre. Notez qu’il ne s’agit pas de “détruire” la lueur, mais bien de la disperser. Tôt ou tard, elle se reformera, et reprendra ses activités post-mortem.
Mais si Hotwire sait y faire avec les morts, on ne peut pas en dire autant pour ce qui est des vivants. Elle a un don pour s’attirer l’inimitié de ses collègues flics et même des victimes qu’elle protège. Ce n’est pas entièrement sa faute. Fille de scientifiques de génie ayant hérité d’un Q.I. largement supérieur à la moyenne, elle n’a pas vraiment de tolérance ou d’empathie pour les gens qui pensent plus lentement qu’elle. C’est-à-dire, en gros, le reste du monde.
Les seuls “amis” d’Alice sont le Dr. Love, le médecin-légiste du commissariat, et l’inspecteur Mobey, un détective ancienne école qui après des débuts houleux deviendra son plus fidèle allié. Franc, loyal, marié et père de famille, Mobey n’est pas le flic le plus malin de Londres mais il n’a pas peur de dire ce qu’il pense et deviendra en quelque sorte le Dr. Watson venant complémenter le Sherlock Holmes punk qu’incarne Alice.
Avec des histoires menées à 200 à l’heure par Warren Ellis, et des planches magnifiques de Steve Pugh, Hotwire est un excellent comics qui mélange ambiance cyberpunk digne des grandes heures de la revue 2000 A.D. et humour noir so british pour un résultat évoquant une version sous crack de Ghostbusters. Pour l’instant, seuls deux arcs ont été publiés : Requiem for the Dead (2008) et Deep Cut (2010). Espérons donc que les auteurs ont d’autres aventures en réserve pour Alice Hotwire…
Inspiration Shadowrun : La recrudescence de phénomènes paranormaux et d’apparitions d’esprits agressifs mettent les runners sur la piste d’un ancien projet militaire visant à transformer des esprits en armes de destruction massives. Dans leur enquête, les runners croiseront la route d’une enquêtrice tête brûlée du Bureau des Investigations Spéciales de la division Firewatch, mais devront également faire face à des policiers corrompus, des serial-killers morts-vivants et des sociétés militaires privées sans scrupules…