Sorti en 1987, RoboCop est devenu un film culte : si le film marqua les esprits pour sa violence très graphique et sa satire grinçante de l’Amérique des années quatre-vingt, il s’agissait également d’un film plus intelligent qu’il en avait l’air, sorte de relecture moderne de Frankenstein où un flic cyborg luttait tant pour détruire des cartels de la drogue impitoyables que pour retrouver sa propre humanité. 27 ans plus tard, le film de Paul Verhoeven fait l’objet d’un remake réalisé par José Padilha, metteur en scène brésilien habitué aux polars musclés. On craignait le pire. Mais ce RoboCop cru 2014 s’avère finalement très correct, abordant des thématiques plus ouvertement cyberpunk que l’original.
Le RoboCop original était une vision satirique d’une société cynique et déshumanisée où la pire violence est banalisée et où les médias abrutissent les masses. Cette relecture du personnage créé par le scénariste Edward Neumeier choisit un angle bien différent, s’interrogeant plutôt sur le pouvoir du marketing et de la manière dont les corporations, par leur mainmise sur la technologie, prennent contrôle de nos vies. RoboCop est ici considéré comme la propriété de sa maison mère OmniCorp, qui s’arroge le droit d’ajuster sa psyché pour coller à ses objectifs commerciaux. RoboCop est-il un humain devenu machine, ou une machine programmée pour donner l’illusion d’un être humain ? C’est la question centrale du film.
Comme l’original, le nouveau RoboCop se déroule à Detroit, dans un futur proche. Mais si l’on retrouve les ingrédients fondamentaux du film de 1987, le film prend rapidement un tour assez différent. Alex Murphy (Joel Kinnaman) est un flic tête brûlé enquêtant sous couverture sur le trafiquant de drogue Antoine Vallon. Lorsqu’Alex est salement amoché dans un attentat à la voiture piégée, la corporation OmniCorp (filiale de la mégacorpo OCP) propose de le sauver en le transformant en cyborg.
Mais ce n’est évidemment pas l’altruisme qui dicte les actes d’OmniCorp. Son P-DG, Raymond Sellars (Michael Keaton), aimerait bien pouvoir vendre ses robots et ses drones aux forces de sécurité locales, mais une loi s’oppose à l’importation de systèmes militaires automatisés sur le sol américain. Pour arriver à ses fins, OmniCorp doit changer l’opinion publique sur les machines. Et quel meilleur moyen d’y parvenir que de leur proposer une machine héroïque et “humanisée” ? Sellars recrute donc le Dr. Norton (Gary Oldman), un spécialiste des prothèses cybernétiques, pour gérer le projet. Norton est l’un des personnages les plus intéressants du film, un homme bon déchiré entre son besoin de financement et son éthique.
Désormais doué d’une force et d’une résistance surhumaines et de l’accès en temps réel à l’ensemble des bases de données de la police via un affichage en réalité augmentée du plus bel effet, Murphy, rapidement surnommé “RoboCop” par les médias, devient le cyber-héros dont Detroit avait besoin.
Oui, mais…“Son logiciel est plus rapide, plus efficace”, explique Norton lors d’une démonstration à la direction d’OmniCorp. “Le logiciel envoie ses instructions au cerveau, donnant à Murphy l’impression d’être aux commandes alors qu’il n’est qu’un passager. C’est une illusion de libre arbitre.” RoboCop ne serait donc qu’un programme, “une machine qui pense être Alex Murphy” comme le résume un des personnages du film ? Sa femme Clara et leur fils David sont les premiers à se demander quelle part d’Alex demeure dans le cyborg créé par OmniCorp. Leur rôle marque l’une des plus grosses différences avec l’original, où la famille de Murphy était réduite à l’état de fantômes hantant les rêves du flic robot.
RoboCop version 2014 est loin d’être aussi mauvais qu’on pouvait le craindre, mais n’est pas non plus une réussite totale. Le film manque de personnalité et se prend un peu trop au sérieux. Les scènes d’action, filmées caméra à l’épaule, sont assez brouillonnes, mais ne sont heureusement pas le cœur du film, qui s’intéresse davantage à ses personnages. Les tentatives de renouer avec le ton satirique du film de Verhoeven sont un peu maladroites, malgré une performance remarquable de Samuel L. Jackson en présentateur télé propagandiste. Et j’avoue ne pas être très fan de la nouvelle armure noire au masque aquilin dont RoboCop se retrouve affublé dans la deuxième moitié du film, lui préférant la première version chromée, plus proche du look iconique du RoboCop de 1987 qui lui donnait une allure de chevalier des temps modernes. Mais je dois admettre que ce changement d’apparence vient renforcer le thème du film, étant lui aussi dicté par le marketing d’OmniCorp.
Ces reproches mis à part, je me suis surpris à passer un bon moment devant le film, l’un des rares remakes à éviter l’écueil du film d’action décérébré et à proposer une remise à jour imparfaite mais intéressante d’un classique du film de science-fiction.
Inspiration Shadowrun : Lourdement cybernétisés et armés jusqu’aux dents, les Paladins de Knight Errant sont plus forts, plus rapides, plus efficaces que les autres flics du métroplexe. Il s’agit de vétérans blessés sur le terrain, reconstruits sous forme de cyborg par la corpo-mère de Knight Errant, Ares Macrotechnology. Mais voilà que les runners sont recrutés par la famille de l’un de ces super roboflics. Ceux-ci suspectent en effet qu’au-delà du coup marketing que représente leur mise en service, les Paladins ne sont rien d’autre que des bio-drones programmés pour donner l’illusion d’un comportement humain…