A ce jour, à l’exception de l’ancêtre Max Headroom et de l’OVNI Wild Palms, aucune série télé ouvertement cyberpunk n’a encore vu le jour. Mais il est fréquent que des séries flirtent avec cette thématique : on pense par exemple à Total Recall 2070, à Person of Interest, ou à l’objet de cette chronique : Almost Human. Créée par J.H. Wyman, scénariste de la série Fringe, Almost Human se situe quelque part entre la série policière, l’hommage aux œuvres de Philip K. Dick et Isaac Asimov, et les dystopies de William Gibson ou Bruce Sterling.
La série se déroule en 2048, dans une ville des la côte ouest des États-Unis simplement appelée “la Cité”. En apparence utopie technologique, la Cité a pourtant un côté sombre : la criminalité y est 400% plus élevée, en raison de la facilité avec laquelle les criminels peuvent s’approprier les dernières inventions pour commettre leurs larcins. Bombe ADN contaminant irrémédiablement une scène de crime, balle à tête chercheuses guidée par GPS, masques brouillant les affichages des caméras de sécurité… Les forces de l’ordre ont bien du mal à faire face à l’ingéniosité des criminels. Pour rééquilibrer la donne, les autorités ont mis en place une nouvelle règle : chaque policier humain travaillera en binôme avec un androïde.
Almost Human commence par une opération de police qui vire au désastre, lorsque l’inspecteur John Kennex (interprété par Karl Urban) lance un assaut contre l’organisation criminelle Insydicate. Mais Insydicate a eu vent de l’opération, et l’escouade de Kennex est décimée dans une embuscade. John survit, y laissant une jambe et dix-sept mois passés sur un lit d’hôpital. Lorsqu’il revient dans le service actif, il découvre les changements apportés au département en son absence, en particulier son nouveau partenaire artificiel (interprété par Michael Ealy). Alors que le reste du département doit faire équipe avec des modèles MX, basés sur la logique froide, le partenaire de Kennex est un modèle plus ancien, un DRN, basé sur l’émotion. L’androïde est rapidement rebaptisé Dorian (plus facile à retenir que “DRN-0167″…)
Almost Human suit donc les enquêtes de Kennex et Dorian, deux flics que tout oppose mais qui vont finalement apprendre à travailler ensemble selon les règles immuables du buddy movie. Dans chaque épisode, un crime du futur est commis, et ce sera au duo de choc de l’élucider. L’ingéniosité des scénarios est l’une des grandes forces de la série, J.H. Wyman parvenant à trouver des idées originales de crimes en extrapolant les inquiétudes et la technologie de notre époque.
C’est ainsi qu’un épisode met en scène une smart house, une maison ultra-sécurisée dont les systèmes sont commandés par une I.A., et dont les occupants sont retrouvés morts, apparemment assassinés par la maison elle-même. Un autre épisode met en scène les “Chromes”, des citoyens issue d’embryons génétiquement améliorés pour être plus physiquement et intellectuellement parfaits — créant par la même occasion une nouvelle source d’inégalités dans cette société du futur. Un épisode met en scène la scène hacker de la Cité, l’occasion pour Almost Human de véritablement embrasser les codes du cyberpunk.
Almost Human brille également par la qualité de ses personnages : outre le duo Kennex/Dorian, citons par exemple le “geek” du département, Rudy (incarné par le toujours excellent Mackenzie Crook), est aussi doué que socialement inadapté; l’inspecteur Valérie Stahl (Minka Kelly), une Chrome ayant rejeté ses semblables pour s’engager dans la police, ou encore le capitaine Sandra Maldonado (Lily Taylor), qui dirige le département avec une poigne de fer dans un gant de velours. Certains de ces personnages gagneraient toutefois à être plus développés, en particulier Stahl, encore trop reléguée à l’arrière-plan.
Acteurs impeccables, effets spéciaux réussis, scénarios malins… Sans être particulièrement révolutionnaire, Almost Human s’avère une excellente série de divertissement. Son seul défaut est de n’avoir pour l’instant eu qu’une seule saison, la FOX hésitant encore à lui donner suite. On croise les doigts, car la Cité a encore bien des mystères qu’il reste à élucider…
Inspiration Shadowrun : La section Delta de Knight Errant se consacre aux enquêtes impliquant de nouvelles technologies ou l’utilisation de technologie non régulées. Du coup, ce département a accès à des gadgets que lui envient le reste des forces de sécurité. Cela pourrait en faire des adversaires redoutables pour les runners — à moins que Mr. Johnson n’engage les runners pour récupérer des prototypes stockés dans l’entrepôt des preuves…