Cascadeur de cinéma le jour, chauffeur pour gangsters la nuit, il n’a pas de nom, parle peu, obéit à des règles précises. “Je vous donne une fenêtre de cinq minutes”, explique-t-il à ses clients. “Durant ces cinq minutes, je vous attends, vaille que vaille. Après ces cinq minutes, si vous n’êtes pas au rendez-vous, je m’en vais.” Son caractère taciturne et son désintérêt pour le monde qui l’entoure frôlent parfois l’autisme. Une seule chose semble animer une étincelle au fond de ses yeux : les voitures. Jusqu’au jour où il rencontre sa voisine Irène. Ce jour-là, la vie millimétrée du chauffeur va basculer.
En dire plus serait desservir ce magnifique film du réalisateur danois Nicolas Winding Refn. S’inscrivant dans la mouvance “néo-noir”, Drive est un polar qui sait être contemplatif et quasi-onirique à certains moments, romantique à d’autres, et terriblement brutal lorsqu’il le faut. L’univers dans lequel gravite le chauffeur est un univers de violence, d’argent sale et de trahisons. Tout le monde ne suit pas son code strict. Et désormais, lui-même a quelque chose à perdre…
Superbement mis en scène et porté par une bande-son hypnotique, le film de N. W. Refn rappelle le suspense tranquille du Samouraï de Jean-Pierre Melville avec des courses-poursuites motorisées dignes de Bullitt. Ce film n’a rien d’un Fast and Furious ou d’un Transporteur : les poursuites y sont crédibles, les criminels sont tout sauf des “mecs cools”. Mais si le film marche aussi bien, c’est aussi grâce à un casting formidable. Sous ses airs de beau gosse, Ryan Gosling confère une grande intensité à ce jeune homme silencieux. Carey Mulligan, dans le rôle d’Irène, est d’une fragilité touchante et pourtant exsude une vraie force de caractère. Les seconds rôles ne sont pas en reste. Oscar Isaacs incarne avec justesse Standard (sic), le mari d’Irène fraîchement relâché de prison qui cherche à échapper à l’univers du banditisme. Dans un rôle de truand, le génial Ron Perlman est menaçant comme il faut.
Drive est le polar à ne pas manquer en cette fin d’année 2011, et son protagoniste une excellent référence pour un shadowrunner, en particulier un rigger. Le mentor du chauffeur (un garagiste du nom de Shannon), ou même l’ex-taulard Standard, sont de leur côté d’excellents modèles de contacts pour les PJ.
Inspiration Shadowrun : Un ami des runners doit de l’argent à des gens peu fréquentables. Pour rembourser sa dette, il accepte de participer à un coup et demande à ses vieux amis de l’épauler, au nom de vieilles faveurs. Le run semble simple et peu risqué – une épitaphe célèbre, car évidemment rien ne se passe comme prévu. La cible du run réclame des comptes, et le Johnson veut effacer toutes les personnes impliquées pour empêcher qu’on puisse remonter jusqu’à lui. Lorsque d’autres contacts des runners se retrouvent visés par les représailles, la situation tourne rapidement au vinaigre…