Johnny Mnemonic // Robert Longo

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Sorti en salles en 1995, Johnny Mnemonic est considéré comme une occasion manquée. Cette adaptation cinématographique de la nouvelle éponyme de William Gibson aurait du être l’entrée en fanfare du cyberpunk dans les salles obscures. Malheureusement, le film de Robert Longo ne comblera pas les espérances des fans et ne convaincra pas les cinéphiles. Est-il pour autant aussi mauvais que certains aiment à le dire ? De mon point de vue, non.

Keanu Reeves, s’entraînant pour son futur rôle de Neo dans The Matrix, est Johnny, un data-coursier dans un monde dystopien gouverné par les méga-corporations. Parce que la Matrice est hantée de hackers capable de s’emparer de n’importe quelle information transitoire, les coursiers comme Johnny stockent les données sensibles dans un implant cortical. Les données sont cryptées, et Johnny ne possède pas la clé : seul son destinataire est capable de récupérer les fameuses données. En devenant un disque dur ambulant, Johnny a du sacrifier une partie de ses souvenirs d’enfance, souvenirs qu’il souhaite désormais récupérer. C’est pourquoi il accepte des données dont la taille dépasse les capacités de son implant…

Johnny doit désormais livrer les données avant que son cerveau ne soit irrémédiablement endommagé, mais il comprend très vite que ce ne sera pas si simple. Deux groupes sont en effet en lice pour mettre la main sur les fameuses données : le Yakuza d’un côté, et la corporation Pharma-Kon, dirigée par l’énigmatique Takahashi (Takeshi Kitano) de l’autre. Ne pouvant se fier à personne, Johnny recrute les services de Jane (Dina Meyer), une samouraï des rues cybernétisée, pour assurer sa protection…

Tous les ingrédients du cyberpunk sont présents dans Johnny Mnemonic. On retrouve ainsi des quartiers en ruines où rôdent des gangs, des méga-corporations et des organisations criminelles qui règnent sur le monde, la Matrice, des fantômes dans la machine, des samouraïs des rues au corps modifié pour le combat, et une bonne dose de folie douce, à l’image de ce prêtre / tueur-à-gages interprété par Dolph Lundgren, ou le désormais mythique cyber-dauphin accroc à la coke. Les effets spéciaux ne sont pas toujours très réussis, et le futur dépeint fait doucement sourire à l’ère des smartphones, mais avec les années le film a gagné un petit côté rétro-futuriste qui le rend plutôt agréable à regarder. La grande faiblesse du film reste ses personnages qui manquent cruellement d’épaisseur, à l’image de Johnny que Reeves incarne de manière particulièrement rigide et placide.

A noter que le film est sorti en occident dans une version plus courte, remontée dans le dos du réalisateur dans l’espoir de faire passer Johnny Mnemonic pour un film d’action. Seul le Japon a préféré le montage originale (où Kitano avait davantage de scènes) et c’est donc la “vraie” version du film qui est sortie au pays du Soleil Levant. Cette version est disponible en DVD et BluRay au Japon. Avec une dizaine de minutes supplémentaires, elle ne transforme pas Johnny Mnemonic en chef-d’œuvre, mais permet au moins de mieux apprécier l’intention du réalisateur. C’est aussi l’opportunité de profiter de la bande-originale de Mychael Danna, remplacée dans le reste du monde par une nouvelle bande-son signée Brad Fiedel.

S’il n’est donc pas LE film cyberpunk tant attendu, Johnny Mnemonic n’en est pas moins un film sympathique, très proche de l’ambiance du Shadowrun des débuts, qu’on apprécie d’autant plus si on le regarde sans lui prêter d’ambitions.

Inspiration Shadowrun : Avec la généralisation de la Matrice sans fil, de plus en plus d’habitants du Sixième Monde sont atteints de sensibilité électromagnétique aigue, rendant leur vie dans le sprawl insupportable. Officiellement, il n’existe pas de traitement définitif, obligeant les victimes à suivre de longs et coûteux soins. Lors d’un run, les shadowrunners découvrent de mystérieuses données qui s’avèrent être la clé pour guérir la maladie; les mégacorporations préféraient cacher ces informations pour continuer à faire du profit sur le dos des malades. Désormais traqués par tous, les runners vont devoir décider quoi faire de ces données…

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