Fondation Draco poursuit sa redécouverte des mangas de la franchise Ghost in the Shell de Masamune Shirow avec Human-Error Processor, également appelé “volume 1.5”. Ce recueil paru en 2003 réunit plusieurs histoires parues après la conclusion de la série originale mais se déroulant avant Man-Machine Interface.
On y retrouve donc la Section 9 de la Sécurité Publique après le départ du Major Motoko Kusanagi, confrontée à différentes affaires aux enjeux géopolitiques complexes et souvent sibyllins. Batou et Togusa occupent donc le devant de la scène, et l’absence du Major leur permet d’apparaître comme des personnages plus sérieux et compétents (…la plupart du temps), tandis qu’une nouvelle recrue, Azuma, devient le clown de service en raison de sa tendance à mettre les pieds dans le plat. Les autres membres de la section (l’artificier Bôma, le sniper Saito, le hacker Ishikawa et le bioroïde Proto) font également quelques apparitions dans les différents chapitres du manga, dans des rôles secondaires. Et bien entendu l’équipe dans son ensemble reste chapeautée par Aramaki, toujours aussi flegmatique.
Chacune des affaires de Human-Error Processor est l’occasion pour Shirow d’explorer autant de de thématiques différentes. La première histoire, Fat Cat, publiée en 1991, met la Section 9 aux prises avec une situation pour le moins inhabituelle : Miss Hayasaka, fille d’un politicien faisant partie des connaissances d’Aramaki, pense que son père pourrait avoir été piraté et être contrôlé à distance par une personne inconnue. La Section 9 décide de mener l’enquête.
Très vite, Togusa et Azuma commencent à soupçonner que la vérité est plus morbide : et si Hayasaka était en réalité mort, et que le pirate utilisait son corps cybernétisé comme une marionnette ? Mais qui aurait intérêt à maintenir l’illusion que cet homme politique est toujours en vie, et à quelle fin ? Et comment prouver qu’un individu qui marche et parle est, en réalité, mort ?
La deuxième affaire, Drive Slave, publiée en 1992, place la Section 9 au cœur du conflit opposant deux zaibatsus, Micro Telemeter et Nanoplant, toutes deux spécialisées dans la fabrication de micro-machines. La Section doit plus spécifiquement protéger le Dr. Ishida, un scientifique de Micro Telemeter traqué par des tueurs à gage au service de Nanoplant. Mais quand les mégacorporations sont impliquées, rien n’est ce qu’il paraît…
Et voilà que débarque par-dessus le marché le Major, se faisant désormais appeler Chroma, et louant ses services au plus offrant en temps que mercenaire (oui, elle est grosso-modo devenue shadowrunner). Équipée de drones-insectes dernier cri, l’ex-Major travaille quant à elle pour le Dr. Kurosawa, un autre chercheur de Micro Telemeter, dont la compagne — elle aussi employée de la corporation — a été enlevée. Les deux affaires semblent liées, mais qui tire vraiment les ficelles ? Le Major — pardon, Chroma — saura-t-elle faire équipe avec son ancienne unité pour démêler toute l’affaire ? Au passage, c’est de cette histoire qu’est tirée la séquence où elle arrache l’écoutille d’un tank à mains nues, scène qui sera reprise lors du climax du film de 1995.
C’est justement en 1995 que Shirow, peut-être remotivé par le succès de l’adaptation de Mamoru Oshii (à moins que ce ne soit à la demande de l’éditeur qui souhaite capitaliser sur la sortie du long-métrage…), dessine la troisième histoire du recueil, Mines of Mind. Batou et Togusa y mènent l’enquête sur une série de meurtres sanglants, dont les différentes victimes portaient le même tatouage. Mais si le symbole évoque les tatouages militaires, il ne correspond à aucune unité connue.
Obligée de faire équipe avec le service de renseignement de l’armée, la Section 9 se retrouve rapidement sur la piste d’un groupe de prisonniers de guerre soupçonnés de s’être livrés à du trafic d’armes… Cette histoire offre à Shirow l’opportunité de dessiner quelques scènes d’action hallucinantes, notamment un incroyable combat de cyborgs sur un bateau (dont une planche est reproduite un peu plus haut).
La dernière histoire du recueil, Lost Past (publiée en 1996), témoigne de l’intérêt croissant de Shirow pour l’utilisation des images de synthèse. Une jeune fille est enlevée dans la rue par deux hommes en noir, juste avant que tous trois trouvent la mort dans un accident de la circulation.
Il s’avère que les deux hommes appartenaient à la Section 6 (dépendant du Ministère des Affaires Étrangères), tandis que la fille faisait partie d’une association antinucléaire cherchant à faire la lumière sur le bombardement d’Okinawa par la Chine durant la Troisième Guerre Mondiale, qui enflamma l’Asie durant la première moitié du XXIe siècle…
Si les enquêtes d’Human-Error Processor n’apportent fondamentalement rien de neuf à la mythologie de Ghost in the Shell, on a toujours plaisir à retrouver les membres de la Section 9, d’autant que ceux-ci ne sont plus condamnés à n’exister que dans l’ombre du Major.
Il y avait même un cd-rom avec ^^ je me rappelle plus du tout ce qu’il y avait dessus d’ailleurs.